📖 1746 – José au Cœur du Chaos de la Guerre de Succession d’Autriche

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L’Europe est en flammes.

Depuis 1740, la Guerre de Succession d’Autriche ravage le continent. L’impératrice Marie-Thérèse, héritière des Habsbourg, doit se battre pour conserver son trône contre des adversaires déterminés : la France, la Prusse et l’Espagne.

Chaque bataille redessine la carte de l’Europe. Chaque village conquis, chaque champ réquisitionné, chaque route contrôlée devient un enjeu stratégique.

Et bientôt, José, un paisible village du pays de Herve, se retrouve au cœur de la tempête.

5 septembre 1746.

La guerre, qui semblait si lointaine, déchire enfin les terres de Wallonie. Au matin, un spectacle terrifiant s’offre aux habitants de José.

Du sommet des collines, les premiers éclaireurs aperçoivent une marée humaine en approche. Un torrent de soldats autrichiens, anglais et hollandais s’avance, poussiéreux, leurs uniformes souillés par des semaines de marches forcées.

Ils sont 80 000.

🔹 Les Autrichiens, déterminés à reprendre la main sur les Pays-Bas autrichiens.
🔹 Les Anglais, venus depuis Londres pour soutenir l’Empire contre la France.
🔹 Les Hollandais, alliés aux Autrichiens pour contenir l’expansion française.

Les files de fantassins, de cavaliers et d’artilleurs avec leurs canons lourds envahissent les prairies et les routes boueuses du village.

Les villageois, figés, comprennent. Leur monde ne leur appartient plus.

Au lever du soleil, les premiers cavaliers autrichiens surgissent des bois. Leurs cuirasses luisent sous la bruine, tandis que leurs montures frappent lourdement la terre trempée.

Les habitants, terrés dans leurs masures, retiennent leur souffle. Ils ont entendu les rumeurs – la guerre avance comme une bête affamée, dévorant tout sur son passage.

Les officiers claquent des ordres en allemand, en anglais, en hollandais. Chaque ferme devient un bivouac, chaque grange une caserne de fortune.

🔸 "Par ordre du Prince de Waldeck, cette demeure est réquisitionnée."

Les villageois protestent. Un fermier tente de négocier, de sauver ses récoltes. Un soldat s’impatiente. La crosse d’un mousquet s’écrase sur sa poitrine. Ici, le pouvoir appartient à celui qui tient les armes.

À mesure que le camp s’établit, José suffoque sous l’occupation.

• Les vivres disparaissent : La farine, le pain, le bétail… tout est confisqué.
• Les maisons sont saccagées : Les soldats, ivres de fatigue et de bière, pillent et saccagent.
• Les paysans sont contraints au service : Dressage des tentes, creusement de tranchées, transport des équipements. Un refus ? La corde ou la lame.

La pluie redouble. Le campement devient une mare de boue et d’immondices. Les chevaux s’enlisent, les canons s’embourbent. Dans l’air humide flotte un autre ennemi : la maladie.

Les jours passent. Les réserves s’amenuisent. L’armée a faim.

Les soldats commencent à prendre de force ce dont ils ont besoin. Plus personne n’est à l’abri :
🔹 Les fermes sont dépouillées de leur dernier bétail.
🔹 Les celliers sont vidés jusqu’à la dernière goutte de vin.
🔹 Les récoltes sont piétinées sous les bottes des hommes en armes.

Certains villageois tentent de résister.

Des coups de feu éclatent dans la nuit.

🔸 Un fermier a-t-il défendu son grenier ?
🔸 Un soldat ivre a-t-il dégainé trop vite ?

Personne ne sait. Personne ne parle. Mais chaque matin, le village semble un peu plus brisé qu’hier.

Les officiers réunissent leurs cartes dans le château de Wegimont. Leur objectif : stopper l’avance française vers Liège.

Mais rien ne se passe.

Les jours passent. Puis les semaines.

Les soldats s’épuisent. Le moral s’effondre. L’armée s’enlise dans l’humidité, la maladie, l’attente.

🔸 "Pourquoi restons-nous ici ? À quoi bon ?" murmurent les soldats, déçus d’une guerre qui ne leur offre ni gloire, ni butin, seulement la fièvre et la misère.

Puis, un matin, l’ordre tombe.

9 septembre 1746.

🔸 "Nous marchons vers le sud."

Les troupes se lèvent, remballent, se remettent en marche. En quelques heures, José est vidé de son envahisseur.

Mais le silence qui suit n’est pas un soulagement.

Les terres sont ruinées.
Les granges sont vides.
Les familles sont brisées.

Et bientôt, la rumeur enfle : les Français avancent. Bientôt, la bataille de Rocoux éclatera.

🔸 Encore une armée. Encore des pillages.
🔸 Encore la guerre.

Lorsque le dernier soldat quitte José, ce ne sont pas seulement les champs qui sont en ruine.

🔹 Certains habitants ont disparu. Ont-ils fui ? Ont-ils été tués ?
🔹 Les familles sont affamées. L’hiver sera dur. Trop dur.
🔹 La haine persiste. Pour les Français. Pour les Alliés. Pour tous ces uniformes qui ne laissent que du sang derrière eux.

En 1748, la Paix d’Aix-la-Chapelle met officiellement fin à la guerre. Mais José ne guérira jamais vraiment.

Les anciens racontent encore ces jours de cauchemar, où la guerre avait transformé leur terre en champ de désolation.

Et lorsqu’une nuit d’orage éclate, lorsque la pluie frappe les toits de chaume, il suffit d’un instant, d’un frisson,

… pour que le bruit des bottes résonne à nouveau dans les esprits.