L'histoire du village
Les origines du village de José
José est un village ancien, dont les premières traces remontent à plus de 1200 ans. Sa situation géographique entre Herve et Fléron en a fait un lieu stratégique, influencé par les puissances religieuses et féodales. Aujourd’hui, il garde un patrimoine historique riche, marqué par son passé religieux et son attachement au Pays de Herve.
Premières Mentions et Origine du Nom :
- 779 : Le village est mentionné sous le nom Angelgiagas lorsque Charlemagne confirme les possessions de l’abbaye de Chèvremont. Ces terres avaient été acquises par l'abbaye via un échange avec l'église Saint-Servais de Maastricht.
- 796 : Charlemagne offre la ferme de Angelgiagas à sa fille Emma en cadeau de noces.
- XIIe siècle : Le village prend successivement les noms de Engelzeis, Englozeies et Enjozée.
- 1366 : Il devient Enjosées.
- 1441 : Il apparaît sous le nom Jozé.
- 1508 : Le nom José devient la forme définitive.
Influences Féodales et Religieuses :
- 982 : L’empereur Otton II cède l’abbaye de Chèvremont, ainsi que ses dépendances, dont José, au Chapitre Notre-Dame d’Aix-la-Chapelle.
- XIIe siècle : La forteresse de Chèvremont est détruite et l'abbaye passe sous le contrôle de l’Avouerie de Fléron, toujours sous la tutelle du Chapitre d’Aix.
- 1618 : L’église d’Aix vend son domaine de Fléron (incluant José) à Charles de Longueval.
- 1626 : La seigneurie passe sous le contrôle de l’évêque de Liège, créant un conflit territorial.
- 1679 : Une décision du Conseil privé du Prince-Évêque de Liège met fin au conflit et intègre officiellement José dans la Principauté de Liège.
Développement et Vie Communale :
- 1743-1745 : Construction de la chapelle Saint-Antoine, officialisée en 1757 et élevée au rang d’église auxiliaire en 1842.
- 1794-1800 : Après la Révolution française, José devient une municipalité distincte, intégrée d’abord au canton de Fléron, puis de Herve.
- 1977 : Lors de la fusion des communes, José est rattaché à la Ville de Herve, mettant fin à son statut administratif distinct.
Voici une carte reconstituée du village de José superpose le tracé des chemins de 1841 avec la vue actuelle du territoire. On y distingue les routes principales et secondaires qui reliaient autrefois les fermes, les hameaux et les villages voisins.
Les anciens sentiers, représentés en noir, traversaient champs, bois et rivières, permettant aux habitants de se rendre au marché, à l’église ou d’effectuer leurs travaux agricoles. Ces chemins, souvent bordés de haies ou de murets en pierre, témoignent du paysage rural typique du XIXᵉ siècle.
Cette reconstitution met en lumière l’évolution du réseau routier, illustrant la transformation du village entre tradition et modernité.
Premières Mentions et Origine du Nom de José (En détail)
Le nom de José a connu plusieurs évolutions au fil des siècles, en fonction des langues et des influences politiques et religieuses.
1. Première mention : Angelgiagas (779)
La plus ancienne mention connue du village date du 3 mai 779, dans un document où Charlemagne confirme les biens de l'abbaye de Chèvremont. Ce monastère possède alors à Angelgiagas quelques manses de terres, acquises par échange avec l'église Saint-Servais de Maastricht.
L’origine du nom Angelgiagas pourrait être une transformation de Angiwaldiacas, qui signifie "qui appartient à Angiwald".
2. Changement de nom au Moyen Âge
Avec l’évolution linguistique et l'influence des autorités locales, le nom du village subit plusieurs modifications :
- Engelzeies, Englozeies et Enjozée au XIIe siècle, sous le règne du prince-évêque Notger.
- Enjosées en 1366.
- Jozé en 1441.
Sous le règne de Notger, José est intégré à la Principauté de Liège, jusqu'à une zone désignée sous le nom de "Outre-cour".
3. Adoption du nom définitif : José
Le nom actuel du village José apparaît pour la première fois en 1508, bien que la forme Jozé soit encore utilisée pendant un certain temps.
Enfin, en 1743, le village adopte définitivement le nom de José, qui perdure jusqu'à aujourd’hui.
Influences Féodales et Religieuses (En détail)
1. Attribution à l'Avouerie de Notre-Dame d'Aix (982)
Le 1er août 982, l'empereur Otton II octroie l'abbaye de Chèvremont et ses dépendances, incluant le territoire de José, au Chapitre Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle. Cette donation place José sous l'autorité de l'Avouerie de Notre-Dame d'Aix, une entité à la fois religieuse et féodale.
2. Transformation en Avouerie de Fléron (997)
En 997, la forteresse de Chèvremont est détruite, entraînant la ruine de l'abbaye. Le territoire est alors réorganisé et devient l'Avouerie de Fléron, tout en restant sous la tutelle du Chapitre d'Aix-la-Chapelle. Cependant, une partie du village de Fléron demeure sous la juridiction directe de l'évêque de Liège, créant une dualité d'autorité sur la région.
3. Rôle du Château de la Rochette
Pour défendre les possessions du Chapitre d'Aix, la protection est confiée aux seigneurs du château de la Rochette, situé près de Chaudfontaine. Ce château relève en fief de la cour féodale de Dalhem, ajoutant une couche supplémentaire de complexité juridique, car il lie indirectement José aux structures féodales du Duché de Limbourg.
4. Vente de l’Avouerie de Fléron à Charles de Longueval (1618)
Au début du XVIIᵉ siècle, un conflit éclate entre Jean de Ruysschemberg, seigneur de la Rochette et avoué de Notre-Dame d'Aix, et le Chapitre d'Aix-la-Chapelle. Pour résoudre ce différend, l'église d'Aix décide, en 1618, de vendre l'Avouerie de Fléron, incluant José, à Charles de Longueval.
5. Acquisition par l’Évêché de Liège (1626)
En 1626, les héritiers de Charles de Longueval cèdent la seigneurie de Fléron et José à l'évêque de Liège. Ce transfert place officiellement José sous l'autorité de la Principauté de Liège, bien que cette situation soit contestée par d'autres puissances.
6. Conflit Juridictionnel avec les Pays-Bas Espagnols (1616-1679)
Les souverains des Pays-Bas espagnols revendiquent que l'Avouerie de Fléron, relevant de Dalhem et donc du Brabant-Limbourg, tombe sous leur juridiction. Le 22 juillet 1616, les Archiducs Albert et Isabelle proclament leur protection sur José et plusieurs autres villages de la région, affirmant que José compte alors environ 50 maisons et huttes. De son côté, le prince-évêque de Liège rejette ces prétentions, affirmant son autorité sur José. Ce conflit de souveraineté s'étend sur plusieurs décennies, opposant l'administration liégeoise à celle des Provinces-Unies et des Pays-Bas espagnols.
7. Règlement du Conflit et Rattachement Définitif à Liège (1671-1679)
Le 18 avril 1671, les Provinces-Unies renoncent à leurs revendications sur l'Avouerie de Fléron en faveur du prince-évêque de Liège. Enfin, le 6 juillet 1679, le Conseil privé du prince-évêque de Liège proclame officiellement que José fait partie intégrante de la Principauté de Liège, mettant fin aux conflits territoriaux.
8. Conséquence du Rattachement à Liège : Un Refuge Juridique (1679-1794)
Avec son intégration à la Principauté de Liège, José acquiert un statut particulier : il devient un refuge pour les individus poursuivis par la justice du Duché de Limbourg. Toute personne recherchée peut, en se réfugiant à José, échapper à la juridiction limbourgeoise, bénéficiant ainsi de la protection des lois liégeoises. Cette situation perdure tout au long du XVIIIᵉ siècle, jusqu'aux réformes administratives apportées par la conquête française.
9. Crise Administrative sous le Régime Français (1794-1799)
Après 1794, l’administration française impose un agent municipal, chargé d’appliquer les lois et gérer les affaires locales. Mais le poste, non rémunéré et impopulaire, est systématiquement refusé par les habitants, réticents aux nouvelles règles et aux lourdes responsabilités.
Le 7 juin 1799, l’administration départementale constate l’absence prolongée d’agent municipal à José. Pour éviter un vide administratif, des envoyés du canton ou des agents d’autres communes sont désignés temporairement. Cependant, ces administrateurs extérieurs, mal intégrés et peu efficaces, ne parviennent pas à rétablir une gestion stable, plongeant José dans une crise administrative persistante jusqu’aux réformes du XIXe siècle.
11. Gouvernance Chaotique au Début du XIXᵉ Siècle
Le 30 juillet 1802, le maire de Battice, Listray, informe le préfet que le maire de José est absent pour une durée indéterminée et qu'il n'y a aucun adjoint pour assurer les fonctions municipales. Il exprime son inquiétude face à l'absence de gouvernance locale et propose la nomination d'un nouvel adjoint, Hubert Fassotte, qu'il décrit comme un homme d'une probité reconnue et universellement estimé de ses concitoyens.
Malgré cette tentative d'organisation administrative, les problèmes persistent. Le 15 août 1805, deux citoyens influents de José, J.P. Dejong et Jacques Dellicour, adressent une nouvelle lettre au préfet, soulignant que depuis environ deux à trois ans, la commune de José est abandonnée à elle-même, sans agent ni adjoint municipal, en violation des obligations administratives définies dans la Constitution de l’An III.
Ils précisent également que, d’après un recensement incomplet, José compte environ 306 habitants, ce qui en fait une communauté suffisamment grande pour exiger une gouvernance locale stable. L’absence de leadership entraîne des difficultés croissantes, notamment pour l’enregistrement des mariages, la gestion des affaires judiciaires et le respect des obligations communales.
En conséquence, le préfet est sollicité pour intervenir rapidement et imposer une organisation municipale fonctionnelle, afin d’éviter que José ne sombre dans un état d’autogestion anarchique, où l’administration cantonale et les communes voisines doivent continuellement compenser le manque d'autorité locale.
Développement et Vie Communale (En détail)
1. Construction de la Chapelle Saint-Antoine (1743-1757)
Le 21 septembre 1743, les habitants de José, conscients des difficultés de se rendre à l’église de Herve, décident de construire une chapelle locale. Une première réunion se tient chez le bourgmestre Jean Jardon, où 336 habitants s’engagent à financer ou à travailler à la construction.
Les décisions sont officialisées le 2 février 1744, lors d'une assemblée chez le notaire G. Cerfontaine à Ayeneux, où les rentes pour la construction sont fixées. Le 27 février 1744, un accord est conclu avec le curé de Herve, prévoyant une rente de 30 écus pour assurer un service religieux à José.
- 2 juin 1744 : Le Prince-Évêque de Liège accorde officiellement la permission de bâtir la chapelle.
- 24 octobre 1745 : La chapelle est construite et bénie. Elle est dédiée à Saint Antoine l’Ermite.
- 1er décembre 1745 : L'autorisation d'y célébrer la messe est accordée par l'évêque de Liège.
- 5 août 1757 : La chapelle est consacrée par Mgr P.L. Jacquet, suffragant de Liège.
2. Élévation au Rang d’Église Auxiliaire (1842)
Un siècle après sa construction, la chapelle devient trop exiguë pour la population croissante. Le 11 juillet 1842, le roi Léopold Ier élève l'église au rang de succursale, ce qui signifie qu'elle obtient plus d'autonomie religieuse.
Le 29 décembre 1842, l'évêque de Liège officialise cette décision par un document précisant les limites de la nouvelle paroisse.
3. José Devient une Municipalité Distincte (1794-1800)
L'arrivée de l’administration française en 1794 entraîne un changement administratif majeur. Le 15 décembre 1794, le commissaire Wergifosse constate que José est toujours administré selon l’Ancien Régime, avec quatre bourgmestres.
Avec la loi du 28 pluviôse an VII (17 février 1800), José devient une municipalité distincte, intégrée au canton de Fléron, puis transférée à celui de Herve.
Cependant, cette transition se fait dans la douleur :
- Le poste d’agent municipal est impopulaire et refusé par les habitants.
- En 1799, l’administration constate que José est resté longtemps sans agent municipal, ce qui entraîne une gestion temporaire par des fonctionnaires cantonaux.
4. Fusion avec la Ville de Herve (1977)
L'idée d'une fusion des communes remonte déjà à 1804, lorsque le maire de Herve demande à Napoléon Ier de réunir Battice et José à Herve, pour des raisons financières. Cette demande est alors rejetée par les communes concernées.
Dans les années 1960, des discussions reprennent pour supprimer les petites communes indépendantes. Finalement, en 1977, la grande fusion des communes est actée, et José perd son statut de commune indépendante pour être intégré à la Ville de Herve.






















